Article de la Liberté du 4 mai 2015

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Un tremplin pour les projets verts

Romont • André et Mim Meilland ont inauguré ce week-end la Maison Verte. Le bâtiment est voué à l’accueil ponctuel ou régulier de projets centrés sur le développement durable.

JÉRÉMY RICO

Au premier abord, le bâtiment semble ne pas être encore tout à fait terminé. Devant les façades vert pomme, deux chaises en bois attendent, tournées vers la route. Derrière elles, des bacs en sagex, en bois ou en plastique accueillent des dizaines de plantons. Des fraises des bois, des iris d’eau ou du persil. Sous un rayon de soleil, quelques personnes discutent un instant, avant de se décider à entrer. Ils sont accueillis par un bonjour d’André et Mim Meilland.

Le couple inaugurait ce samedi la Maison Verte. Installée à quelques mètres seulement de la gare de Romont, la bâtisse accueillait pour l’occasion plusieurs stands et animations: café réparation, vente de produits locaux, d’artisanat, ou animations culturelles ou centrées sur le bien-être.

Cette variété d’activités s’inscrit dans l’ADN-même de la Maison Verte. Et pour cause. Le couple souhaiterait en faire une sorte de tremplin pour les porteurs de projet de la région. Comment? D’abord grâce à la location de deux salles de conférences. «Nous pouvons accueillir des assemblées ponctuelles comme des cours hebdomadaires», précise André. Autre possibilité: louer une table dans un bureau collectif. L’objectif du duo est double. Soutenir des projets naissants, tout en permettant à ses concepteurs de se rencontrer, et de développer des synergies, jusqu’à former un réseau.

Souci écologique

La Maison Verte se veut également une vitrine pour la cause environnementale. Ainsi, le duo a une idée précise des projets qu’il souhaite accueillir. «Nous voulons promouvoir des solutions gagnant-gagnant-gagnant», lâche André. «Gagnant pour les gens qui viennent, pour ceux qui vendent et pour l’environnement.» Au programme du mois de mai: la vente hebdomadaire de poulets de la région, la distribution des paniers de produits frais de CroQu’terre ou divers cours centrés sur le développement personnel ou le bien-être.

Dans ce même souci d’écologie, le couple espère pouvoir mettre en place une boutique partagée dans l’une des salles du rez-de-chaussée. Artisans, paysans ou fournisseurs de services pourraient venir y vendre leurs produits régulièrement. «A terme, on aimerait que la boutique soit ouverte tous les jours», annonce la Romontoise de 41 ans.

De longue date

Pour le couple, l’inauguration de leur bâtiment est d’abord l’aboutissement d’une longue épopée. «Nous sommes propriétaires depuis 2006», lâche André Meilland. «Nous voulions y installer un appartement, un atelier pour ma femme, qui crée des œuvres à partir de déchets, et une boutique. Mais nous n’avions pas eu les autorisations.» Au bénéfice d’un permis de construire depuis 2009, le couple se décide enfin à lancer son projet de centre d’activités trois ans plus tard. «Mis à part le prêt pour l’achat du bâtiment, nous avons tout fait sans emprunter», précise avec fierté André. «Nous avons fait tous les travaux nous-mêmes.»

Ce long processus reflète également l’évolution personnelle du couple. Car au départ, leurs carrières professionnelles s’inscrivaient loin de leurs préoccupations écologiques. «Je suis économiste d’entreprise de formation», explique la Romontoise de 41 ans, avec un accent qui trahit ses origines bulgares. «Mais j’avais le sentiment que l’argent était sale, qu’il ne fallait pas en parler. Pendant des années, personne ici ne savait que j’étais économiste.» Agé de 51 ans, André travaillait comme ingénieur électricien pour une multinationale. Presque un juron dans sa bouche: «Nous développions les produits en Suisse, mais ils étaient fabriqués en Asie», précise-t-il, avant de jeter les yeux au ciel.

Stabilité économique

Le déclic, ils l’ont eu en 2011, lors d’une formation sur le développement de systèmes durables. Ils y apprennent que pour qu’un projet soit durable, il doit obligatoirement intégrer des dimensions écologiques, sociales, culturelles et économiques. «Ces cours m’ont réconcilié avec l’économie. Je suis passée d’une écologie idéaliste à une écologie appliquée, réaliste», explique Mim Meilland. «Il faut concevoir des projets viables, pas uniquement des associations bénévoles.» Convaincu, le couple dispense depuis le mois de septembre ses propres cours inspirés de cette méthode. Ils l’ont aussi appliquée à la lettre à la Maison Verte. I