Un réfrigérateur rempli de chaleur

Article paru sur La Liberté du jeudi 11.01.2018

article_frigo20180111Stéphane Sanchez, Romont

«Cher sauveteuse de nourriture, cher sauveteur de nourriture, bienvenu(e) au frigo communautaire de Romont! Ce réfrigérateur est à disposition de chacun à tout moment de la journée. La nourriture peut y être déposée et/ou prise en toute liberté.» Installé en mai dernier près de la gare des bus de Romont, au pied de la Maison Verte, le frigo urbain de Buena Onda a «fait sa place». «Expérience concluante!» se félicite l’un des membres glânois de ce petit collectif fribourgeois, à l’origine de la démarche.

André Meilland, responsable de la Maison Verte, suit régulièrement l’évolution des dépôts et des retraits: «Les débuts ont été timides, mais les gens ont fini par apprivoiser ce frigo. Pendant les fêtes, je n’ai pas vu de caviar, de champagne ou de foie gras, mais il y a eu plus de dépôts que d’habitude. Et certains sont venus glisser de petits paquets cadeau contenant des cacahuètes ou du chocolat, avec des messages. J’ai aussi croisé une dame qui cuisine tout exprès pour le frigo, juste pour le plaisir de faire plaisir à des inconnus!»

«Rien ne traîne»

Le collectif abonde: «Le frigo n’est jamais plein, car rien ne traîne. Ça circule: c’est l’objectif! On trouve des fruits, des légumes, des yogourts… Huit kilos de salades – de celles qu’on prépare pour des pique-niques canadiens – sont partis en un jour. On voit aussi parfois des œufs ou des légumes invendables mais consommables amenés par des agriculteurs.»

L’essentiel des dépôts reste le fait de particuliers, complète André Meilland, en observant qu’une association d’entraide dépose à l’occasion certains des aliments restants après sa tournée de distribution. Les participants se révèlent consciencieux: les produits déposés sont généralement en limite de péremption, mais pas avariés. Pas de vandalisme non plus: le frigo, bien ancré, est protégé. Seule la huche a disparu.

«Plusieurs personnes m’ont dit que la simple présence du frigo induit une réflexion sur le gaspillage», ajoute André Meilland. «Oui, ça montre qu’on peut faire quelque chose à petite échelle», renchérit le collectif, qui collabore avec son homologue bernois Bern isst Bern. Un groupe Nourriture à donner en Glâne prolonge d’ailleurs la démarche sur Facebook et le collectif entend contacter des commerçants de la région pour les inviter à jouer le jeu.

Réponse à un besoin

Seule ombre au tableau à Romont: la rapidité avec laquelle les denrées sont emportées peut refléter un certain «besoin» ou une forme de «misère cachée», avance André Meilland. Plutôt conçu comme une réponse à la surconsommation, cet usage inattendu du frigo correspond cependant aux objectifs du collectif, qui se dédie aussi bien au partage qu’à l’altruisme.

Une tirelire pour les frais

Buena Onda avait déjà mis en place avec succès des Boîtes à dons à Romont, à Fribourg (quartier d’Alt) et à Siviriez, afin de donner une deuxième vie à des objets. Ce premier frigo urbain devrait lui aussi essaimer. «Nous en avons dégoté un deuxi­ème, et nous sommes en contact avec des propriétaires d’emplacements potentiels à Fribourg. Ça ne coûte rien: une tirelire permet de récolter des dons, qui financent l’électricité. La formule fonctionne à Romont», explique le membre du collectif, qui préfère rester anonyme, par modestie.

Le groupe a cependant l’ambition de grandir. Il compte pour l’heure une petite dizaine de jeunes, pour la plupart ­étudiants.

www.facebook.com/BuenaOnda1700

www.facebook.com/groups/donner.nourriture.glane